Dyslexie, dyspraxie, dysphasie, dyscalculie, trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité…. Accompagner les élèves Dys, c'est possible ! répond de manière précise, concrète et pragmatique aux nombreuses questions que se posent les enseignants face aux élèves avec des troubles Dys ou TDAH.
Enseignante et formatrice, spécialiste des troubles spécifiques du langage et des apprentissages, Isabelle Ducos-Filippi propose des outils et des adaptations pédagogiques réalistes pour un accompagnement épanouissant des élèves Dys et TDAH de la maternelle au lycée !
On parle de plus en plus des troubles Dys, combien d'enfants sont-ils concernés ?
Les Troubles Spécifiques du Langage et des Apprentissages (TSLA) appelés communément « troubles dys » sont relativement fréquents, mais les données chiffrées varient selon les études, les critères et méthodes retenus. L'Académie nationale de médecine évaluait en 2015 la fréquence des “troubles dys” à environ 8% des enfants d'âge scolaire. En ce qui concerne la dyslexie associée à la dysorthographie, les chiffres semblent varier, selon la langue maternelle et son orthographe. En France, la prévalence s'établit entre 6 et 8 %, alors qu’elle serait aux alentours de 10% chez les enfants de langue anglaise. Les autres troubles sont moins fréquents : environ 5% pour la dyspraxie et le TDAH, aux alentours de 3% pour la dysphasie et la dyscalculie. Statistiquement, il y aurait entre un et deux élèves Dys par classe. Tout enseignant est ou sera confronté à ces élèves, d’où la nécessité d’être accompagné.
Que faire lorsque l'on suspecte un trouble Dys chez un élève ?
Quand un enseignant constate qu’un enfant inverse les lettres et/ou les chiffres et que sa lecture est laborieuse, il peut avoir la tentation de dire “il est dyslexique”. La situation n’est pas si simple. La procédure qui mène à un éventuel diagnostic s’appuie sur plusieurs étapes. L’enseignant doit procéder à un repérage rigoureux, fondé sur l’observation et le recours à des outils dédiés. Il peut solliciter aussi ses partenaires institutionnels : l’infirmier.e scolaire, le psychologue de l'Education Nationale, la direction de son établissement, ses collègues. Il invite ensuite la famille à se rapprocher de son médecin traitant pour faire procéder à des dépistages pour écarter d’autres pathologies.
Est-ce que tous les professeurs, quelle que soit leur discipline, peuvent être confrontés à des difficultés face à un enfant Dys ?
Les troubles dys impactent de nombreux domaines d’apprentissage. Quand on évoque la “dyslexie”, on pense tout naturellement à la lecture et l’orthographe et donc au cours de français, mais, de fait, toutes les disciplines peuvent être touchées. Dans le cas d’un élève dysgraphique, c’est le geste graphique qui est touché. Or on écrit dans toutes les matières. C’est pour cela que l’ordinateur est la principale compensation de ce trouble. La dyspraxie entrave les gestes et l’orientation dans l’espace, ce qui impacte plus particulièrement la géométrie quand il faut utiliser les outils, l’histoire et la géographie pour analyser une carte ou une frise chronologique, mais encore les disciplines où l’on utilise des tableaux à double entrée. Quant à la dyscalculie, elle se révèle très gênante dès qu’il faut manipuler les nombres : apprendre l’heure en anglais, compter les temps en musique, utiliser des dates en histoire. Quelle que soit la matière, l’élève Dys peut se retrouver en difficulté, d’autant que des troubles cognitifs larges sont souvent observés : mémoire, attention, planification.
Comment expliquer la situation d’un élève Dys au reste de la classe ? Doit-on impliquer les autres élèves ?
Les élèves Dys, de par leurs difficultés, sont souvent accompagnés par des dispositifs d’intervention (PAP ou PPS) qui autorisent des adaptations et aménagements en classe. Ces derniers peuvent installer des différences au niveau des activités : l’élève dyspraxique travaillera éventuellement sur des supports agrandis, l’élève dyslexique utilisera un “chuchoteur” pour avoir une meilleur retour sur sa lecture… L’enseignant doit être particulièrement vigilant à d’éventuelles moqueries, voire à une possible stigmatisation. Il est donc pertinent de construire un climat de classe inclusif, notamment par des actions de sensibilisation. Ces dernières peuvent revêtir plusieurs formes : vidéos, ateliers philo, mises en situation… Dans tous les cas, il est essentiel de recueillir au préalable l’adhésion de l’élève Dys concerné !
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