Faut-il enlever des points pour les fautes d’orthographe dans un contrôle d’histoire ou de mathématiques ?
Quelle que soit la discipline qu’ils enseignent, tous les enseignants peuvent aider les élèves à progresser et à être plus à l’aise pour s’exprimer et rédiger. Dans leur ouvrage Travailler la maitrise de la langue, à paraître le 11 mai, les formatrices Karine Risselin, Émilie Busch et Anne Vibert proposent de nombreux outils qui peuvent être utilisés dans toutes les matières pour enrichir son vocabulaire en retenant plus facilement les mots nouveaux, pour aider les élèves à repérer les erreurs d’orthographe qu’ils commettent fréquemment, pour apprendre où placer les signes de ponctuation, ou encore savoir se servir d’un brouillon pour réfléchir et construire sa pensée.
Qu'est-ce que la maitrise de la langue ?
La maitrise de la langue ne se limite pas à la maitrise de la grammaire et de l’orthographe ! Nous pourrions simplement dire que c’est la capacité d’un élève à maitriser les différents usages de la langue, et en particulier la langue de l’école. On pourrait parler de langue de scolarisation. Aujourd’hui, l’élève ne doit plus simplement copier, recopier, imiter des modèles… Il doit lire et comprendre des documents complexes, les mettre en relation les uns avec les autres, être capable de produire de nombreux écrits, dans des genres variés, en respectant la langue des disciplines : on n’écrit pas du tout de la même manière en SVT qu’en Histoire.
Vous identifiez quatre problèmes de métier communs à toutes les disciplines. Quels sont-ils ?
Nous avons voulu partir de problèmes de métier que l’on se pose, que l’on a toutes et tous rencontrés. Nous avons donc choisi des problèmes autour de l’écrit, car il existe déjà de nombreux travaux sur la compréhension en lecture, et l’oral a fait l’objet d’ouvrages (voir le livre de Gwenaëlle Chambonnière, L'oral au cœur des apprentissages, ESF Sciences Humaines, 2022). L’écrit est une compétence complexe, très difficile à faire travailler.
Nous avons finalement choisi quatre problèmes métiers qui renvoient aux questions importantes et légitimes fréquemment entendues lors des formations que nous assurons :
Comment expliquer ces difficultés ?
Les élèves les plus fragiles pratiquent l’écrit en le vivant comme une contrainte scolaire, croyant souvent qu’il s’agit de dire « ce que l’on pense sans faire de fautes ». Ces élèves vont construire des malentendus quant aux demandes de l’école, ils vont mal identifier les enjeux de l’écrit : non, écrire à l’école ce n’est pas écrire sans erreur, ce n’est pas avoir une belle écriture, ce n’est pas recopier le tableau. Montrer qu’à l’école, l’écriture est un processus et non un « don », un travail nécessaire que l’on peut investir à sa mesure pour penser le monde, pour le raconter et le décrire, pour réfléchir, pour se construire est un objectif crucial.
Quelles solutions proposez-vous dans le livre ?
Nous avons voulu proposer des solutions simples, peu couteuses pour le collègue qui a parfois trop peu d’heures et un programme chargé. Nous les avons toutes expérimentées : travailler sur les attentes implicites des différentes disciplines, proposer des pistes pour que toutes les fonctions de l’écrit soient bien actualisées en classe (mémoriser, hiérarchiser, classer, planifier, structurer…) avec notamment la pratique régulière des écrits de travail. Notre ouvrage contient également des pistes du côté du brouillon et des avant-textes.
Nous n’avons pas oublié la dimension plus linguistique avec une large part accordée à la relecture et à la vigilance orthographique : le professeur de maths ou de sciences prend sa part lui aussi dans la vigilance orthographique au quotidien.
Enfin, de nombreux exemples invitent les enseignants à regarder les écrits des élèves : Que regarder ? Comment les évaluer ?
Concrètement, que peuvent faire les enseignants des matières autres que le français ?
La maitrise de la langue à l’école est l’affaire de tous et n’est pas l’apanage des enseignants de français, car plusieurs usages de la langue coexistent, selon les disciplines, et chacun développe un certain rapport au monde. On ne décrit pas en histoire comme en français, on ne justifie pas sa réponse en maths comme en physique-chimie. Le rôle de chaque professeur est essentiel : faire écrire tous les jours dans toutes les disciplines, banaliser les écrits de travail, être attentif à « comment le dit-on dans ma discipline » s’intègrent complètement aux activités des disciplines. Ces activités peu couteuses, simples et rapides à mettre en œuvre, si elles sont partagées par une équipe, cultivent un rapport au langage et à la langue dynamique, et constitue un levier pour permettre à tous les élèves de progresser et de se constituer un répertoire langagier et linguistique émancipateur.
Faire de la maitrise de la langue un objet de vigilance dans la classe de chaque enseignant, quelle que soit sa discipline, nous paraissait, dans un second temps, devoir être renforcé par la réflexion dont peuvent s'emparer les collectifs enseignants au sein des établissements scolaires (école, collèges, lycées). Le rôle des enseignants peut donc se jouer à plus large échelle afin de gagner en lisibilité (auprès des élèves), en visibilité (auprès de leurs familles) et en efficacité (dans les résultats aux examens, entre autres).
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